Friday, July 13, 2012

L’Angoisse de la faille

Deux adolescents sur une terrasse un soir d’été, une femme sur le pas de sa porte vers midi, une autre qui s’habille dans sa chambre le matin… A priori rien de bien inquiétant, et pourtant…

Les toiles de Hopper déclenchent toujours en moi quelque chose d’indéfinissable, entre l’inquiétude, le mal-être et la peur diffuse. La sourde angoisse de la permanence des choses. Si elles sont situées très précisément dans le temps et dans l’espace, ses œuvres montrent des situations telles qu’elles ont toujours été et telles qu’elles seront toujours. On a l’impression d’un instant en même temps déterminé et éternel, comme une sorte de faille dans le temps. L’impression d’être au bord de l’éternité et que l’on va y basculer…


Soleil de midi, 1949.
Huile sur toile, 68,6 x 99, 1 cm.
The Dayton Art Institute, Dayton, Ohio.
Don de M. et Mme Anthony Haswell.



Soir d’été, 1947.
Huile sur toile, 76,2 x 106,7 cm.
Collection de M. et Mme Gilbert H. Kinney.


Cette impression d’angoissante lourdeur est renforcée par le lissé de la couleur et le rendu de la lumière, jamais choisie au hasard.

Rassurez-vous ! Beaucoup de gens - même s’ils remarquent la présence de personnages pensifs voire dépressifs - ne voient dans les œuvres de Hopper qu’un intérêt « technique » : la description de l’Amérique des classes moyennes.

Si vous vous sentez suffisamment fort pour résister à la délicieusement malsaine séduction de ses toiles, rendez-vous à Madrid ! Le Museo Thyssen-Bornemisza présente environ 70 de ses huiles, jusqu’au 16 septembre 2012.

Pour exorciser vos peurs existentielles, dites-vous qu’elles aussi vous ont précédé. En attendant, mithridatisez-vous avec le Hopper (version imprimée / version e-book).

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