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Tuesday, September 18, 2012

Bonjour Tristesse ?

En regardant les trois tableaux ci-dessous, le lien qui les unit est difficile à envisager au premier coup d’œil. En matière de peinture de paysage, Van Gogh et Böcklin pourraient-ils être plus éloignés l’un de l’autre ? Des courbes douces à la rigueur stérile… Que s’est-il passé entre temps ?

 


Vincent van Gogh, La Nuit étoilée, 1889.
Huile sur toile, 73,7 x 92,1 cm.
Museum of Modern Art, New York.


 

Le symbolisme est passé par là. Mouvement de l’imagination, de la poésie, de l’émotion. Mais je dirais aussi de l’isolement, des couleurs tristes et un peu morbides. Qui, étant d’humeur normale, voudrait se promener dans les paysages d’Odilon Redon ou d’Arnold Böcklin, paysages ternes dans lesquels les personnages ont toujours l’air mélancoliques. Il est difficile de s’identifier au travail des peintres symbolistes.

Les symbolistes jouent sur la représentation du monde réel, le déformant pour créer un univers fantastique, dans lequel nous perdons nos repères. Ils privilégient l’idée à la forme et c’est en ce sens qu’ils ont favorisé l’arrivée de l’abstraction. Et heureusement !

 


Odilon Redon, La Barque mystique, vers 1890-1895.
Pastel sur papier, 51 x 63,5 cm.
The Woodner Collection, New York.


 

Mysticisme, religion, philosophie… Ce sont sans doute des éléments qui peuvent faire du symbolisme un courant apprécié en ces temps de crise. Selon moi, le symbolisme a sans doute été bénéfique à l’évolution des formes, mais il ne se démarque pas par son dynamisme et sa luminosité. Cependant, derrière de simples paysages, toujours mélancoliques ou fantastiques, se cachent en fait des références littéraires ou musicales. Le symbolisme, serait-il donc alors l’une des premières expressions artistiques plurielles, mêlant plusieurs références artistiques en une seule œuvre ?

 


Arnold Böcklin, L'Île des morts, 1880.
Huile sur toile, 111 x 155 cm.
Öffentliche Kunstammlung Basel, Kunstmuseum, Bâle.


 

Pour mieux cerner les relations entre impressionnisme, naturalisme, symbolisme et abstraction (que de -isme !), vous pouvez visiter l’exposition de la National Gallery of Scotland, et consulter cette monographie de Van Gogh, ainsi que cet ouvrage sur le Symbolisme de Nathalia Brodskaya.

 

 

 

Friday, July 13, 2012

L’Angoisse de la faille

Deux adolescents sur une terrasse un soir d’été, une femme sur le pas de sa porte vers midi, une autre qui s’habille dans sa chambre le matin… A priori rien de bien inquiétant, et pourtant…

Les toiles de Hopper déclenchent toujours en moi quelque chose d’indéfinissable, entre l’inquiétude, le mal-être et la peur diffuse. La sourde angoisse de la permanence des choses. Si elles sont situées très précisément dans le temps et dans l’espace, ses œuvres montrent des situations telles qu’elles ont toujours été et telles qu’elles seront toujours. On a l’impression d’un instant en même temps déterminé et éternel, comme une sorte de faille dans le temps. L’impression d’être au bord de l’éternité et que l’on va y basculer…


Soleil de midi, 1949.
Huile sur toile, 68,6 x 99, 1 cm.
The Dayton Art Institute, Dayton, Ohio.
Don de M. et Mme Anthony Haswell.



Soir d’été, 1947.
Huile sur toile, 76,2 x 106,7 cm.
Collection de M. et Mme Gilbert H. Kinney.


Cette impression d’angoissante lourdeur est renforcée par le lissé de la couleur et le rendu de la lumière, jamais choisie au hasard.

Rassurez-vous ! Beaucoup de gens - même s’ils remarquent la présence de personnages pensifs voire dépressifs - ne voient dans les œuvres de Hopper qu’un intérêt « technique » : la description de l’Amérique des classes moyennes.

Si vous vous sentez suffisamment fort pour résister à la délicieusement malsaine séduction de ses toiles, rendez-vous à Madrid ! Le Museo Thyssen-Bornemisza présente environ 70 de ses huiles, jusqu’au 16 septembre 2012.

Pour exorciser vos peurs existentielles, dites-vous qu’elles aussi vous ont précédé. En attendant, mithridatisez-vous avec le Hopper (version imprimée / version e-book).