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Tuesday, December 4, 2012

Le Caravage, génie scandaleux

Ombre et lumière, Mal et Bien, anges et démons, voilà le contraste qui marque tout l’Œuvre du Caravage et qui continue de frapper les esprits des admirateurs de ses toiles. Il s’agit de l’antagonisme le plus simple de tous les temps, presque manichéen, celui qui passionne l’homme depuis toujours. La vie du Caravage, faite de pauvreté, de rixes, d’affaires de mœurs, et les quelques soixante toiles qui nous restent de lui, sont l’illustration parfaite de l’attraction du public pour le scandale.

Image
Le Caravage, Judith décapitant Holopherne, vers 1598.
Huile sur toile, 145 x 195 cm.
Galleria Nazionale d’Arte Antica di Palazzo Barberini, Rome.


Le Caravage n’appartenait à aucune école de peinture. Même de son vivant, il était suivi d’une réputation à l’odeur de soufre. Quand il ne travaillait pas sur des scènes issues de ses nuits passées dans des tavernes (joueurs, gueux et autres diseuses de bonne aventure), il utilisait presque tout le temps des thèmes religieux et a révolutionné l’utilisation de la lumière mettant en relief les zones sombres de ses toiles : il a véritablement créé la notion de clair-obscur.

Image
Le Caravage, Christ à la colonne, vers 1607.
Huile sur toile, 134,5 x 175,5 cm.
Musée des Beaux-Arts, Rouen.


Libertin, très certainement homosexuel, il faisait fi des conventions et dans des scènes religieuses pleines de dévotion, il a introduit un réalisme tel qu’on l’accusait de sacrilège. En effet imaginez à une époque où la religion dictait la bonne conduite de la société : voir le corps du Christ ou des apôtres à demi-nus, dans des poses lascives, c’était aller trop loin ! Et en vérité, en regardant des peintures de ce peintre, nous devons admettre que nous cernons immédiatement le côté subversif de son travail, encore au xxie siècle ! Même sa mort causée par la malaria sur une plage italienne fut une provocation. Comment ne pas voir dans sa vie et son destin hors-normes un prélude aux vies et à l’attraction de nos stars contemporaines ?

Vous pouvez visiter le Los Angeles County Museum of Art jusqu’en février 2013 et admirer des toiles du Caravage accompagnées de 48 peintures réalisées par des artistes qu’il a inspirés. Los Angeles est trop loin ? Commander le livre Le Caravage par Felix Witting and M.L. Patrizi.

Tuesday, September 18, 2012

Rubens ou l’émotion retrouvée

J’ai une tendresse particulière pour les femmes de Rubens. Elles sont confortables à l’œil, leur chair sans apprêt. Avec leurs seins lourds et leurs cuisses larges, elles nous donnent le sentiment de pouvoir accueillir l’humanité.

Pour une génération d’hommes confrontés aux formes d’une Twiggy (top modèle anglais des années 60), ou des tops modèles de la haute-couture, quelle divine surprise que les femmes puissent être autre que filiformes, grandes et sèches ! Voici quelques années, le magazine Elle faisait sa une avec Emmanuelle Béart. Même les féministes saluèrent cette nouvelle Vénus.

Ce fut pour beaucoup un choc ; le corps féminin pouvait aussi être fait de courbes douces, de sensualité délicate. Je ne dirais pas que les femmes de Rubens me conduisent au même sentiment, mais enfin après make-up, régime, anorexie, vive les joies de la chair.

Rubens nous offre des yeux et des lèvres qui vous disent : « j’ai aimé ». L’amour n’est pas seulement jouissance, il peut aussi être douleur. Les seins lourds et les cuisses larges des femmes de Rubens nous refont découvrir le mystère de la femme, leur peau lisse, leurs exhalaisons. L’amour a aussi une odeur, celle des essences intimes. Dans nos têtes viennent s’entrechoquer les mots perdus d’usage : téton, butiner, culbuter. « Auprès de sa blonde qu’il fait bon danser ». Et après la chanson, lutiner et aussi ravir nos sens. Ah quelle époque !

Le Von der Heydt-Museum à Wuppertal en Allemagne organise justement une grande exposition sur ce maître de la peinture flamande. Pour en savoir davantage sur Rubens et découvrir ses plus belles toiles, vous pouvez consulter ce livre Rubens.

Tuesday, September 11, 2012

Caillebotte: la tirelire des impressionnistes

A l’époque, Gustave Caillebotte est considéré comme un grand mécène du mouvement impressionniste qui, grâce l’héritage reçu de son père, eut la possibilité de se procurer les oeuvres de ses amis impressionnistes et de payer le loyer de l’atelier de Monet. Ce n’est qu’après sa mort que Caillebotte est reconnu comme l’un des grands maîtres de l’Impressionisme en plus de son statut de grand maître financier ( il venait régulièrement en aide à ses amis en les soutenant financièrement).

Bien que Caillebotte fasse partie du mouvement impressionniste, son style diffère de ses contemporains : Degas, Monet, Renoir, et Pissarro, parmi lesquels il a exposé lors de la seconde exposition impressionniste de 1876. Son intérêt pour la photographie se ressent à travers sa peinture grâce à sa capacité à saisir un instant précis de façon réaliste.


Gustave Caillebotte, Rue de Paris, Temps de Pluie, 1877.
Huile sur toile, 212 cm x 276 cm.
Art Institute of Chicago, Chicago.


Caillebotte, comme ses contemporains, représente un Paris nouveau, modernisé par Napoléon III et Georges Eugène Haussmann. Le Paris que tout le monde connaît aujourd’hui, avec ses  grandes avenues bordées d’arbres et ses espaces verts.

Cependant, contrairement à ses amis impressionnistes, Caillebotte souhaite peindre ce nouveau Paris de manière encore plus réaliste. Le ciel gris, la pluie, les rues pavées de son tableau Rue de Paris, Temps de Pluie, accentuent la sensation de monotonie du quotidien et de tristesse que l’on ressent au premier regard. Pour le peintre, cette nouvelle ville métropolitaine, au plan méticuleux et si esthétique, est comme le quartier des Sims : parfait de l’extérieur, mais seul de l’intérieur.


Gustave Caillebotte, Les Raboteurs de parquet, 1875.
Huile sur toile, 102 cm x 146.5 cm.
Musée D'Orsay, Paris.


Caillebotte est également  reconnu pour avoir introduit un nouveau sujet à ses peintures : la classe ouvrière. Thème pour lequel il porte un grand intérêt. Il faut savoir qu’à l’époque, grâce au nouveau chemin de fer et à la Révolution industrielle en France (1815-1860), il y a eu une grande migration des ouvriers de la campagne vers Paris.

Jusque-là, seuls les fermiers et les paysans sont représentés, c’est pourquoi, en 1875, le Salon refuse son œuvre intitulée Les Raboteurs de parquet, prétextant que le sujet est vulgaire. La réalité décrite par Caillebotte, les conditions ouvrières, la tristesse ainsi que la pauvreté de ce nouveau Paris ne veulent pas être reconnues.


Si vous souhaitez voir les oeuvres de Caillebotte et sa représentation de la fin du 19ième siècle et du début du 20ième siècle, rendez-vous au Schirn Kunsthalle Frankfurt du18 octobre 2012 au 20 janvier 2013 pour l’exposition de Gustave Caillebotte. Vous pourrez également en apprendre plus sur les impressionnistes en feuilletant ce livre.


Monday, September 10, 2012

Le Complot des sentiments

Serov n’est pas mon peintre russe favori. J’ai plus de tendresse pour Avazovski qui me value une querelle avec le conservateur du musée russe. Nous nous sommes réconciliés avec force vodka. Comme quoi un russe n’est jamais un mauvais homme si l’alcool le prend dans les liens de l’amitié.



Ce tableau de Serov, Enfants (Sasha et Youra Serov), qui représente deux jeunes enfants regardant la mer, préfigure une célèbre photo où le tsarévitch scrute l’horizon de la mer Baltique. Les visages innocents pouvaient-ils prévoir le flot de haine et de mort qui allait s’abattre sur la sainte Russie quelques années plus tard ?

J’ai une tendresse toute particulière pour le tableau d’Anna Pavlova, jolie femme qui danse sur la pointe des pieds, dans un bleu lourd. Je ne puis m’empêcher de penser à trois jeunes femmes qui dansèrent et chantèrent, voici seulement quelques mois, dans une église de Moscou. Depuis les barreaux de leur prison, les regards pleins de solitude mais aussi de fragilité, nous interrogent sur la dureté de ce monde russe.

La Russie est un pays de violence que la peinture a souvent représenté avec férocité. Sourikov, Répine. Civilisation de contradiction, entre cruauté et douceur, entre amour et violence, la Russie n’est-elle pas masochiste ? Elire Poutine et défiler pour les Pussy Riots. Aimer Pouchkine et avoir idolâtré Lénine. C’est la Russie.

Serov nous fait partager la force claire, lumineuse de ce pays, à l’image de Sasha et Youra Serov, deux enfants au début du xxe siècle.

Si vous voulez en savoir plus sur Serov, consultez cette monographie sur Serov de Dmitri V. Sarabianov.

Monday, August 13, 2012

Munch, un peintre horrifié ?


Edvard Munch, Le Cri, 1893.
Tempera et crayon sur carton, 91 x 73,5 cm.
Nasjonalmuseet, Oslo.


Entre 1883 et 1884, l’éruption du volcan indonésien Krakatoa est perçue jusqu’en Europe et enflamme le ciel norvégien. Dix ans plus tard, Edvard Munch s’inspire de ces couleurs flamboyantes pour peindre Le Cri. Un personnage fantomatique se tient le visage et semble hurler, debout au sein d’un paysage dénudé, enflammé à l’horizon par un ardent soleil couchant.

Plusieurs versions de cette peinture sont conservées.

En général, les critiques classent Munch dans la catégorie des peintres touchés par les épreuves de la vie, ce qui doit se refléter dans ses toiles.

L’exposition de la Tate Modern tente d’atténuer ce jugement en montrant comment il a aussi été inspiré par de simples événements du quotidien de la vie des Norvégiens au début du xxe siècle.

Le spectateur a souvent l’impression que les personnages de Munch marchent vers lui ; ce sont des acteurs en plein action. Munch peut être considéré comme l’un des précurseurs des plans du cinéma, sans doute influencé, à son époque, par son goût pour la photographie.

Si son histoire vous intrigue, vous pouvez consulter Munch, en version imprimée et ebook.

Thursday, July 5, 2012

Jeunes Messieurs, prenez-en de la graine…

Pour la plupart des jeunes Messieurs d’aujourd’hui, il faut bien l’avouer, la danse se limite à sauter dans tous les sens sur de la musique rock…

Eh bien, Mesdemoiselles, figurez-vous qu’il était un temps où ces Messieurs savaient encore se tenir dans les soirées dansantes - les boîtes de nuit de l’époque…Un temps que, malheureusement les moins de 20 ans, etc.

S’ils n’étaient pas des princes de contes de fées - qui eux aussi savent tous danser, vous l’aurez remarqué …- ils savaient au moins faire virevolter, tournoyer, chavirer (?) leur cavalière !


De gauche à droite:
Pierre-Auguste Renoir, Danse à la ville, 1883. Huile sur toile, 180 x 90 cm.
Musée d’Orsay, Paris.
Pierre-Auguste Renoir, Danse à la campagne, 1883. Huile sur toile, 180 x 90 cm.
Musée d’Orsay, Paris.
Pierre-Auguste Renoir, Danse à Bougival, 1883. Huile sur toile, 181,9 x 98,1 cm.
Museum of Fine Arts, Boston.


Regardez ces trois dames : une a les yeux mi-clos, l’autre s’appuie délicatement sur son partenaire, la troisième a les yeux délicieusement baissés à l’approche d’un baiser. Trois couples en train de danser, trois instants d’éternité. Renoir : la grâce d’un instant d’abandon capturé pour toujours sur la toile, la magie d’un présent éternel et d’un futur plein de promesses…

À bon entendeur…

Entrez dans la danse, au Museum of Fine Arts de Boston, qui présente ces trois chefs-d’œuvre jusqu’au 3 septembre 2012.

En attendant, immergez-vous dans l’univers chatoyant et sensuel de Renoir, en parcourant les pages de Renoir (version imprimée + version e-book).

Monday, May 21, 2012

Contre le bien-pensant...

Villon, Pasolini, Courier ou Le Caravage... Un poète francais du Moyen Âge, un cinéaste italien des années 60 / 70, un écrivain français à cheval entre xixe et xxe siècle et un peintre italien du xvie siècle... Cherchez les points communs !

A priori pas grand chose, et pourtant... : Villon Pape des artistes maudits, assassin à ses heures et poète-bagarreur, Pasolini filmant la chair avec délices et tué sur une plage, Courier le séducteur-soldat, brillant helléniste et assassin assassiné et enfin Le Caravage, enfant-maudit de l’Histoire de l’art, mort d’épuisement et peintre de la chair et du désir...

Vous l’aurez compris, la subversion est ici le maître-mot. Ceux qui pensaient que c’était le xxe siècle qui avait inventé l’anti-conformisme, qu’ils lisent –entre autres- les écrits de Villon ou de Courier, qu’ils regardent les toiles de Le Caravage et les films de Pasolini...

On considère souvent Le Caravage comme étant l’inventeur de l’éclairage cinématographique... Ci-dessous une capture d’écran de Teorema, film réalisé en 1968, et un détail de Judith et Holopherne, toile peinte en 1597-1600. Jugez-en par vous même...



« Et le Verbe s’est fait chair »... Entre un peintre mêlant de manière très subversive la religion et la sensualité (Saint-Jean Baptiste, peint vers 1600) et un cinéaste amoureux de l’excès et de la décadence (Teorema, Œdipe Roi, Le Décameron), difficile de trancher lequel des deux a le mieux illustré cette phrase extraite de la Bible...



Bousculant la rigueur morale de leur époque, ces artistes sulfureux laissent leur désir et leur passion s’exprimer tant dans leur vie que dans leur œuvre.