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Tuesday, December 4, 2012

Impressionnistes paparazzis

Les peintres impressionnistes étaient les photographes de leur temps. Intéressés bien sûr par les paysages, mais aussi par les femmes, les intérieurs intimes et les loisirs alors en vogue. Les cocottes parisiennes, vivant à Montmartre ou Montparnasse ne sont rien de moins que les Paris Hilton et Kim Kardashian du xixe siècle. Elles dictaient la mode qui était copiée par toutes les femmes quelle que soient leurs classes sociales.

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Claude Monet, Madame Louis Joachim Gaudibert (détail), 1868.
Huile sur toile, 216,5 x 138,5 cm.
Musée d’Orsay, Paris.


Les peintres voulaient capter l’air du temps et rendre compte du goût par la même occasion. Renoir ou Monet  pénètrent dans la vie intime, accordent beaucoup d’attention au corps féminin qu’ils tracent précisément sous des tissus délicats ou qu’ils montrent nus. Les accessoires de mode et les dessous féminins ne sont plus choquants mais deviennent des outils de séduction. Certaines toiles impressionnistes sont de réelles illustrations des mœurs du moment et s’approprient la vie privée des femmes, comme le sont les magazines people aujourd’hui. Jupons, corsets, bas et nudité ne sont plus cantonnés au privé et au scandale.

Compiler les toiles impressionnistes sur deux à trois décennies revient presque à regrouper des images de mode qui pourraient tout à fait fournir le matériel suffisant à la création d’un blog par une fashionista en herbe. Les impressionnistes, blogueurs du xixe ?

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Édouard Manet, Nana, 1877.
Huile sur toile, 264 x 115 cm.
Kunsthalle Hamburg, Hambourg.


Pour découvrir tous les dessous de cette thématique, vous pouvez admirer l’exposition très complète sur la mode et les impressionnistes du musée d’Orsay jusqu’à la fin du mois de janvier 2013 ou parcourir les pages de L’Impressionnisme.

Le Caravage, génie scandaleux

Ombre et lumière, Mal et Bien, anges et démons, voilà le contraste qui marque tout l’Œuvre du Caravage et qui continue de frapper les esprits des admirateurs de ses toiles. Il s’agit de l’antagonisme le plus simple de tous les temps, presque manichéen, celui qui passionne l’homme depuis toujours. La vie du Caravage, faite de pauvreté, de rixes, d’affaires de mœurs, et les quelques soixante toiles qui nous restent de lui, sont l’illustration parfaite de l’attraction du public pour le scandale.

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Le Caravage, Judith décapitant Holopherne, vers 1598.
Huile sur toile, 145 x 195 cm.
Galleria Nazionale d’Arte Antica di Palazzo Barberini, Rome.


Le Caravage n’appartenait à aucune école de peinture. Même de son vivant, il était suivi d’une réputation à l’odeur de soufre. Quand il ne travaillait pas sur des scènes issues de ses nuits passées dans des tavernes (joueurs, gueux et autres diseuses de bonne aventure), il utilisait presque tout le temps des thèmes religieux et a révolutionné l’utilisation de la lumière mettant en relief les zones sombres de ses toiles : il a véritablement créé la notion de clair-obscur.

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Le Caravage, Christ à la colonne, vers 1607.
Huile sur toile, 134,5 x 175,5 cm.
Musée des Beaux-Arts, Rouen.


Libertin, très certainement homosexuel, il faisait fi des conventions et dans des scènes religieuses pleines de dévotion, il a introduit un réalisme tel qu’on l’accusait de sacrilège. En effet imaginez à une époque où la religion dictait la bonne conduite de la société : voir le corps du Christ ou des apôtres à demi-nus, dans des poses lascives, c’était aller trop loin ! Et en vérité, en regardant des peintures de ce peintre, nous devons admettre que nous cernons immédiatement le côté subversif de son travail, encore au xxie siècle ! Même sa mort causée par la malaria sur une plage italienne fut une provocation. Comment ne pas voir dans sa vie et son destin hors-normes un prélude aux vies et à l’attraction de nos stars contemporaines ?

Vous pouvez visiter le Los Angeles County Museum of Art jusqu’en février 2013 et admirer des toiles du Caravage accompagnées de 48 peintures réalisées par des artistes qu’il a inspirés. Los Angeles est trop loin ? Commander le livre Le Caravage par Felix Witting and M.L. Patrizi.

Tuesday, November 13, 2012

Gustave Caillebotte, mécène bourgeois impressionniste

Caillebotte est mort jeune, à 46 ans, et n’est pas particulièrement connu du grand public bien qu’il ait fait partie des impressionnistes. Issu d’une famille bourgeoise parisienne, il n’a jamais eu à se soucier des lendemains, se tenait loin de Montmartre et des cocottes parisiennes et ne peignait pas pour vivre mais pour son plaisir personnel. Fasciné par la vie citadine, par la modernité qui envahit Paris, ses toiles sont simples, sans artifices et sans cette sensation d’esprit tourmenté qu’on rencontre chez Van Gogh par exemple.

Peut-être sont-elles trop simples. Qui serait réellement intéressé aujourd’hui par des vues de maisons campagnardes bourgeoises entourées de fleurs ou de couples se promenant dans un Paris au ciel gris ? Caillebotte a essayée de contrebalancer l’influence de ses origines sociales en représentant ponctuellement des ouvriers au travail, des raboteurs de parquet en plein effort, dont les muscles tendus prouvent l’effort accompli.

 


Gustave Caillebotte, Raboteurs de parquet, 1875.
Huile sur toile, 102 x 147 cm.
Musée d'Orsay, Paris.


 


Gustave Caillebotte, Rue de Paris. Jour de pluie, 1877.
Huile sur toile, 212 x 276 cm.
Art Institute of Chicago, Chicago.


 

Caillebotte pourtant est à redécouvrir pour deux raisons. D’abord, ses tableaux sont si précis et leur angle si inhabituels, que l’on ne peut s’empêcher de faire le rapprochement avec la photographie ou des plans cinématographiques. Le peintre avait un regard sur la perspective qui est digne du cinéma actuel. La deuxième raison est le scandale provoqué par le legs de sa collection impressionniste à l’État français, qui n’a pu qu’accepter ses œuvres choquantes tout en les maintenant à l’abri des regards pendant plusieurs années. La richesse du peintre a finalement profité à ses compagnons peintres. Sans lui qui sait si les plus grands tableaux impressionnistes n’auraient pas fini chez des collectionneurs américains friands d’art français à l’époque ?

Pour redécouvrir le travail de ce peintre, vous pouvez vous rendre à l’exposition Caillebotte de la Schirn Kunsthalle de Francfort jusqu’au 20 janvier 2013, ou consulter les livres L’Impressionnisme et Caillebotte (en allemand seulement).