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Wednesday, February 27, 2013

Hiroshige mon amour,

Soyons clairs, je n’ai pas découvert le Japon avec les œuvres d’Hiroshige, Utamaro ou Hokusai. En vérité, j’ai d’abord rencontré les Japonais avec Tintin et le lotus bleu d’Hergé, puis plus tard avec le film Le Barbare et la Geisha, John Wayne étant l’acteur principal. C’est l’histoire authentique de Towsend Harris et de la geisha Okichi dont en fut tiré un roman puis un opéra : Madame Butterfly de Puccini.

Le cinéma m’a aussi conduit sur les pas du Dernier Samouraï avec Tom Cruise, histoire d’un officier américain qui aide de ses conseils un samouraï rebelle. Dans la réalité, c’est l’histoire d’un français, Jules Brunet qui finit Général de division.

J’ai souvent pensé que les réalisateurs avaient copié dans leurs prises de vue les œuvres d’Hiroshige : les cerisiers en fleurs, le mont Fujiyama, les paysans dans les rizières, un peuple humble et dur au labeur.

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Edward Zwick, Le Dernier Samouraï, 2003.


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Hiroshige : La Rivière Furukawa dans les environs de Hiroo, Hiroo Furukawa, juillet 1856,
gravure sur bois, 34 x 23,5 cm


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Hiroshige, Cerisiers en fleur sur le quai du Tamagawa, Tamagawa zutsumi-no hana, février 1856, gravure sur bois, 36,4 x 24,7 cm, collection privée.


L’exposition Van Gogh et le Japonisme est un pur reflet de l’attrait de ce pays sur les hommes de la fin du XXe siècle.

Les Frères Goncourt cédèrent eux aussi à la mode en écrivant de très beaux textes sur Hokusai et Utamaro. Le Ukiyo-e enivrait les esprits de la même manière que les premiers bateaux du commandant Perry ouvraient les routes du modernisme à un Japon médiéval.

Il est dommage que cinquante ans plus tard, les artistes japonais laissèrent place aux ingénieurs en armement. La suite fut Pearl Harbor, adapté sur grand écran dans lequel nous retrouvons Ben Affleck, Alec Baldwin et  Josh Harnett, Tora ! Tora ! Tora !, de Richard Fleisher, Kinji Fukasaku et Toshio Masuda, et pour finir Hiroshima.

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Ville d’Hiroshima après l’explosion nucléaire


Pour découvrir les œuvres d’Hiroshige, rendez-vous à la Pinacothèque de Paris jusqu’au 13 Mars, ou bien consultez l’ouvrage Michail Uspenski, Hiroshige, publié par Parkstone International.

Monday, January 28, 2013

Van Gogh - délit de copie japonaise

Non Van Gogh n’est jamais allée au Japon, même si les plaisirs asiatiques (opium et autres geishas), auraient certainement convenu à sa nature artistique. On connaît bien sûr les épisodes scandaleux de sa vie : sa mélancolie/folie, son oreille coupée, son alcoolisme, son errance à la recherche d’un havre de paix. On sait moins spontanément qu’il a trouvé une source d’inspiration formidable dans les estampes japonaises qui arrivent en Europe avec les expositions internationales. Après les impressionnistes, le japonisme a engendré une seconde mini-révolution artistique en France.

Quelle ironie : l’Asie est aujourd’hui accusée de plagiats, de copies et de produire de nombreux faux. À l’époque au contraire ce sont les Européens qui s’inspirèrent un peu trop librement de l’art japonais, n’hésitant pas parfois à recopier sans vergogne des tableaux entiers. Van Gogh ne s’en est pas privé, comme le prouve l’exemple ci-dessous. Simplicité et pureté asiatique face à la complexité et au bouillonement de Van Gogh.

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Hiroshige, Le Jardin de pruniers à Kameido, extrait de Cent-une vues célèbres d‘Edo, 1857.
33,7 x 21,9 cm.
The Brooklyn Museum, Brooklyn.



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Vincent van Gogh, Japonaiserie : pruniers en fleurs (d’après Hiroshige), 1887.
Huile sur toile, 55 x 46 cm.
Musée Van Gogh, Amsterdam.


Le côté asymétrique, la couleur en aplats, les vues construites selon des angles complètement tordus, cela ne pouvait que plaire à l’artiste torturé et en quête de renouveau. Cependant il faut admettre que les copies européennes comportaient un petit plus : de la vigueur, de la chaleur, des paysages qui paraissent en feu, beaucoup plus mouvant. Quelque chose de moins figé et de plus torturé, allant au-delà des conventions japonaises et de leurs douces couleurs pastels.

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Vincent van Gogh, Vignes rouges en Arles, 1888.
Huile sur toile, 75 x 93 cm.
Musée Pouchkine, Moscou.


Pour choisir et décider vers qui se porte votre préférence entre le champion japonais et le maître impressionniste, vous pouvez vous déplacer à l’exposition de la Pinacothèque de Paris, ou simplement consulter ces livres sur Hiroshige et Van Gogh.

Tuesday, September 18, 2012

Répine, peintre de la Russie impériale ou révolutionnaire ?


Les Bateliers de la Volga, 1870-1873.
Huile sur toile, 131,5 × 281 cm.
Musée d’État Russe, Saint-Pétersbourg.


Les Bateliers de la Volga. Des hommes en plein labeur, des cordes nouées autour de leur poitrine, tirent, traînent de lourds bateaux plein de marchandise. Hommes ou bêtes de somme ? Ils avancent imperturbables, les yeux perdus dans le vide, tout à cette tâche qui leur permet de survivre.

Ilya Répine, peintre de la Russie du tsar. C’est ce que l’on pourrait penser d’un peintre connu pour ses toiles historiques ou ses portraits de personnages officiels. Et pourtant bien au contraire, je dirais que Répine a été le peintre du peuple russe, celui montrant la réalité de la vie difficile en Russie au début du xxe siècle. Les Bateliers de la Volga en est l’exemple parfait.

Il campe ses personnages en pleine souffrance ou dans des scènes anecdotiques du quotidien. Dans ses portraits, le modèle n’est jamais mis en valeur, mais bien représenté tel qu’il est, jeune, vieux, beau ou laid.

Imaginez l’écrivain Léon Tolstoï labourant un champ dans sa maison de campagne. Il a certainement dû le faire car, proche de la terre, il possédait un vaste domaine agricole, mais c’est une scène mettant à mal son image d’intellectuel auprès du grand public : Répine l’a osée.


Ilya Répine, Léon Tolstoï labourant un champ, 1887.
Huile sur carton, 27,8 x 40,3 cm.
Galerie d’État Tretiakov, Moscou.



Séance solennelle du Conseil d’État le 7 mai 1901, 1903.
Huile sur toile, 400 x 877 cm.
Musée d’État Russe, Saint-Pétersbourg.


Mais comme pour échapper à ce dur monde populaire, il peint aussi des portraits de personnages officiels, des scènes politiques, la vie des proches du tsar. Il assiste par exemple à des séances de l’Assemblée russe et n’oublie aucun des hommes qui faisaient la vie politique d’alors. Quel écart entre ces notables en habits officiels, pleins de vie et bien nourris, et les malheureux travaillant le long de la Volga, chaque jour courbés sur la misère de leur vie.

Ses toiles sincères et détaillées seront considérées comme des témoignages précis de l’oppression tsariste pour le régime communiste, qui va les utiliser pour sa propagande. Répine est le peintre de la vie politique, rurale, intime du peuple russe au début du xxe siècle. De la Volga à la Douma, que d’imagination !

Le musée Bunkamura présente en ce moment une sélection des œuvres de ce grand peintre russe. Si vous ne pouvez faire le déplacement jusqu’au Japon, vous pouvez consulter le livre Ilya Répine de Grigori Sternin et Jelena Kirillina.