Qui a-t-il de plus agréable, après une journée de visites, que de déguster un gelato assis sur les marches de la Piazza di Spagna, ou de boire un apéro à la tombée de la nuit, en regardant le spectacle de la rue, les hommes d’affaires ultra gominés en costard-cravates, chaussures cirées ayant terminé leur journée, les italiennes, féminines à souhait, les groupes de jeunes sur leurs scooters, le tout, accompagné d’un fond sonore mêlant accordéon et « Ciao, come va ?; Com’è andata la giornata ?; un bicchiere di vino per favore. »
Cliché ? Certainement. C’est… la dolce vita.
En apparence, Rome fait rêver, et si tout ne vous semble qu’être architecture, sculpture, vestiges romains, beauté et perfection, alors détrompez-vous ! Rome possède aussi un passé sombre et des entrailles que Victor Hugo dans les Châtiments, qualifiait de « ténèbres ». Par entrailles j’entends les égouts de Rome, et la Cloaca Maxima, le canal qui, dans la Rome Antique desservait le forum romain et servait à emporter les eaux pluviales et les immondices de la ville. Autant dire qu’avant que celle-ci ne soit couverte, la capitale italienne était la porte ouverte à de nombreux problèmes d’insalubrité, et d’épidémies.
Si la Rome terrestre est un monde, la Rome souterraine en est un autre. Un enfer sombre, qui s’étend sur des kilomètres, et qui s’ouvre parfois sous les pieds des passants. Ce monde obscur, fétide, boueux, royaume des rongeurs se transforme en ruisseau lorsqu’il pleut. Ce monde du néant, ou seul le bruit des bêtes se fait entendre, recueille tous les vices de Rome. On en oublierait presque que quelques mètres au-dessus de cet antre, se trouve une Rome vivante, bruyante, chaotique dans laquelle ont œuvré de nombreux artistes ; le Colisée, le forum antique, le Vatican, la Basilique Saint Pierre et la Pietà de Michel-Ange ; la Fontaine de Trevi ; la Piazza Navona et la Fontaine des 4 Fleuves du Bernin.
Bernini, la place Saint Pierre, Vatican
Fellini, La Dolce Vita, Marcello Mastroianni et Aanita Ekberg
Rome ville diabolique, Rome ville historique et Rome vedette de cinéma. Fellini sera sans aucun doute l’un des premiers la filmer. La Dolce Vita est un éloge de la capitale italienne et Fellini, en y faisant déambuler ses personnages nous en montre les plus beaux recoins, notamment la fontaine de Trevi avec cette célèbre scène que je ne peux m’empêcher de comparer à l’une des œuvres du Bernin. Le Bernin qui était à la sculpture ce que Fellini était au cinéma, c'est-à-dire un artiste aux multiples facettes, doté d’une virtuosité technique incroyable. Ses sculptures majoritairement de thèmes bibliques possèdent un effet dramatique et théâtral. L’expression est parfois caricaturale, tout comme l’était le caractère de certains personnages de Fellini, si bien que l’on en arriverait presque à comparer la Sylvia (Aanita Ekberg) « en extase » de Fellini dans cette fameuse scène, à l’Extase de la sainte Thérèse du Bernin.
Le Bernin, L’Extase de sainte- Thérèse, 1652,
Chapelle Cornaro de l'église Santa Maria
Fellini, La Dolce Vita, 1960. Della Vittoria à Rome.
Le Bernin, Fontaine des 4 Fleuves, 1648 - 1651, Piazza Navona, Rome
Rome reste LA ville italienne par excellence et si aujourd’hui Fellini, Mastroianni, Michel-Ange et le Bernin ne sont plus, d’autres ont pris la relève. L’un des derniers en date : Tom Hanks dans le film Anges et Démons de Ron Howard.
Si vous avez l’opportunité d’être à New York d’ici Janvier 2013, ne ratez pas l’exposition Bernini Sculpting in Clay du 3 octobre 2012 au 6 janvier 2013, au Metropolitan Museum. Prenez le temps d’aller apprécier les esquisses en argiles de ce qui représente aujourd’hui les chefs d’œuvres de la capitale Romaine, puis à l’occasion pourquoi ne pas vous y rendre lors d’un éventuel futur voyage ! Vous pouvez aussi consulter le livre L’Art Baroque de Victoria Charles.
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