J’appréciais nos diners avec Sylvie Forrestier à Paris et avec Mikhail German à Saint-Pétersbourg. C’était l’époque des années 1990. Le communisme avait disparu en tant que pouvoir politique mais l’ombre du KGB restait imprégnée dans les esprits. J’avais d’ailleurs été fortement surpris que mes éditeurs russes accompagnent le nom de certains artistes du mot « juif » : « Levitan le juif » ; « Chagall le juif ». C’était oublier les classifications ethniques de l’époque stalinienne.
Bref, Chagall ne m’intéressait guère à l’exception de quelques tableaux comme Le Baiser ou Le Théâtre juif. Je m’étais esclaffé sur la coupole de l’opéra, plus par passion de Malraux que pour le peintre.
Marc Chagall, Introduction au théâtre juif, 1920, tempera, gouache et blanc opaque sur toile, 284 x 787 cm, Galerie d'État Tretiakov, Moscou.
Des années plus tard, j’acquis un DVD, Héros de l’ombre, film de Lionel Chekwynd avec William Hurt. Je connaissais l’histoire pour avoir lu de Paris à New York d’Emmanuelle Loyer. Ce film changea ma vision de Chagall. Je le ressentis fragile, avec cet amour incommensurable pour sa patrie d’adoption, la France. Pour lui, sa nationalité française était son suprême rempart contre la barbarie nazie.
J’ai aimé découvrir, à travers cette fiction, un Chagall loin des honneurs, de son œuvre. Seulement un homme pris de doutes face à une histoire implacable.
Qui se souvient encore de Varian Fry ? Je ne suis pas sûr qu’une rue porte son nom à Marseille.
Le Chagall de cette période de guerre toucha davantage mon cœur et mon imaginaire que ces tableaux.
Rue Varian Fry, Berlin.
Pour découvrir ou apprécier les œuvres de Chagall, rendez-vous au musée du Luxembourg qui accueille l’exposition « Marc Chagall, entre la guerre et la paix », jusqu’au 21 juillet 2013 ou bien consultez l’ouvrage intitulé Chagall, édité par Parsktone International.
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